L’esprit des Fêtes

Soyons honnêtes, cette année, je ne suis pas « dedans »…  Nous sommes le 22 décembre, le sapin est décoré et les cadeaux sont emballés (merci à ma fille !), il y a un peu de neige au sol, les magasins sont remplis de gens qui cherchent le dernier cadeau à offrir, les enfants sont excités et font encore des demandes au Père Noël, bref tous les signes sont là : c’est la période des fêtes.

Mais on dirait que l’esprit des fêtes ne m’habite pas.  Et je ne dois pas être la seule : dans les magasins, les vendeurs m’ont rarement souhaité Joyeuses Fêtes ! en me remettant mes achats.  Les années précédentes, je faisais une indigestion de musique de Noël.  Cette année, il me semble qu’elle est plus discrète.  Il y en a vraiment moins ou je ne l’entends pas ?  Sur Facebook, les gens échangent des recettes de repas traditionnels.  D’habitude, je salive rien qu’à lire tourtière, dinde, bûche, etc.  Là, rien.  Je ne suis pas dans l’esprit des fête.  C’est triste…

 Alors, réflexe de psy, je me suis questionnée : c’est quoi, l’esprit des fêtes ?  Et pourquoi est-ce que je n’en profite pas ?

 Je ne connais pas la définition officielle de l’esprit des fêtes.  Je peux juste réfléchir avec vous sur le sujet.  Au-delà des publicités (maisons illuminées, tables surchargées de victuailles et montagne de cadeaux sous un immense sapin) entrecoupées de reportages sur les enfants négligés et les familles dans le besoin, il y a un thème sous-jacent : celui des relations entre les humains.  Le besoin que nous avons de nous regrouper et de partager.

 Nous le savons tous et les recherches scientifiques le démontrent : de bonnes relations interpersonnelles sont une source importante de bien-être psychologique.  Les Fêtes sont une période au cours de laquelle nous en profitons pour organiser des réunions familiales, voir des amis, manger et s’amuser ensemble.  C’est une période où nous réunissons les gens que nous aimons, ceux que nous fréquentons quotidiennement mais aussi ceux que nous ne voyons peut-être pas aussi souvent que nous le souhaiterions par manque de temps.  La vie va si vite et nous avons tellement de choses (plus ?) importantes à faire !

Profitez des Fêtes pour entrer vraiment en contact avec les autres, pas juste pour échanger des informations.  À quoi sert de cuisiner pendant des jours des montagnes de pâtés si vous n’avez même pas le temps d’avoir des échanges significatifs avec ceux que vous aimez ?

Ça y est, je l’ai dit, prendre le temps de s’aimer.  Je sais, ça sonne cliché !  Mais que voulez-vous : les êtres humains ont besoin d’échanges chaleureux et aimants, qu’on appelle d’ailleurs des échanges humains, remarquez-le, pas canins ou félins, ou n’importe quoi d’autre !  Et je pense que l’AMOUR, au sens large (amoureux, parental, filial, amical, fraternel, alouette!), est une composante essentielle de l’Esprit des Fêtes.

Est-ce à dire que si je ne me sens pas dans l’Esprit des Fêtes, c’est parce que je n’aime personne ?  Sûrement pas.  Mais si je ne prends pas le temps de RESSENTIR cet amour, c’est comme s’il n’existait pas.  Et pour ressentir, il faut prendre le temps de se déposer, de vivre le moment présent, d’être, pas juste de faire.  C’est probablement pour cela que je ne ressens pas l’Esprit des Fêtes en ce moment, parce que je suis encore en train de faire quelque chose que je crois urgent et que ma tête se promène quelque part entre le passé et le futur.  Bref, je ne suis pas toute là !  Mais si je prends le temps d’être ici et maintenant, je peux voir la blancheur de la neige, le soleil qui brille, les sourires des enfants, la patience aimable du Père Noël au centre d’achats et les gens qui se préparent à festoyer..  Et à ce moment-là, je me sens différente, plus joyeuse.

Car je pense qu’ il y a une autre composante importante dans l’Esprit des Fêtes : la JOIE.  Les Fêtes, le mot le dit bien, c’est censé être festif, joyeux, d’où l’expression Joyeuses Fêtes.  Vous voyez comme c’est simple !  Si seulement ça l’était…

Malheureusement, pour certains, cette période est remplie de tristesse.  Souvenirs pénibles de Noëls passés, absences d’êtres chers partis trop vite, séparations récentes, maladies, difficultés financières, les raisons de ne pas être heureux sont multiples.  Cette période peut être particulièrement pénible, surtout lorsqu’on est témoin de la joie des autres et qu’on se sent seul et isolé.

Lorsqu’il manque d’un ingrédient, on peut compenser en rajoutant un peu plus de l’autre.  Lorsque la joie est absente, c’est le temps de rajouter de l’amour, sous forme de compassion.  Pour beaucoup de gens, c’est facile d’éprouver de la compassion envers ceux qui souffrent.  Mais c’est plus difficile d’en avoir envers soi-même.  Et pourtant, toute souffrance humaine est adoucie par de la compassion et tout être humain mérite d’en recevoir (mais oui, vous aussi !).  Si les Fêtes sont une période difficile pour vous, traitez-vous comme vous traiteriez votre meilleur(e) ami(e) : avec douceur, compréhension et bienveillance.  Que feriez-vous pour l’aider ?  Quels conseils lui donneriez-vous ?  La souffrance se supporte mieux lorsqu’on est entourés de gens qu’on aime et qui nous accueille avec gentillesse.  Si vous êtes vraiment seul, pourquoi ne pas vous joindre à d’autres gens seuls et partager ensemble un peu de chaleur humaine ?  Le bénévolat est une activité qui fait vraiment autant de bien à celui qui donne qu’à celui qui reçoit.

Une autre façon d’alléger un peu la souffrance est de porter son attention sur tout ce que nous avons plutôt que sur ce qui nous manque.  Cela permet de développer une attitude de gratitude.  Cette année, il nous manquera 2 personnes dans nos réunions familiales.  C’est une perte importante.  Mais nous avons eu la chance de pouvoir partager un bon moment de vie avec elles.   Et nous avons la chance de pouvoir nous réunir et de pouvoir partager un bon repas.  Nous avons surtout la chance d’être en vie et en assez bonne santé.  Et cela me remplit de gratitude.  (Mais la gratitude demande de la pratique : on ne trouve pas toujours de raison d’être reconnaissant envers la vie.  Et parfois, ce n’est simplement pas le bon moment, lorsque la douleur est trop vive.  Ne vous découragez pas si c’est votre situation.  Accueillez-vous alors avec compassion et bienveillance.).

Et rappelez-vous que tout finit pas passer   La vie, c’est comme une tourtière, ça ne dure pas toujours.  Si vous aimez cela, profitez-en bien, et savourez chaque bouchée.  Ne vous en privez pas sous prétexte de craindre d’en manquer, vous ne pouvez pas garder la tourtière éternellement.  Et si vous n’aimez pas cela, consolez-vous, dans peu de temps, il n’y en aura plus.  C’est ce que les Bouddhistes appellent l’impermanence de la vie, tout change continuellement.  Au Québec, on pourrait appeler ça la sagesse de la tourtière !

Je vous souhaite de vivre pleinement de vraies Joyeuses Fêtes, avec beaucoup d’amour et autant de tourtière que vous le souhaitez !

© Tous droits réservés 2023 Sylvie Boucher
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