Les peurs

Aujourd’hui on parle d’une autre grande catégorie d’obstacles qui peut nous nuire dans l’atteinte de nos objectifs.  Ou qui peut même carrément nous pourrir la vie si elle prend trop d’ampleur.  On parle de la famille des peurs.

La majorité des gens ont des peurs.  Et c’est une excellente chose, parce que ce sont les peurs qui nous préviennent du danger.  Quelqu’un qui n’aurait peur de rien serait probablement moins prudent et risquerait de se blesser.  La peur d’un danger réel qui menace notre vie fait partie de notre équipement de survie.  Dans certains cas, les peurs résultent de mauvaises expériences passées.  Par exemple, une personne peut avoir peur des chiens après avoir été mordue.

Cependant, dans beaucoup de cas, il s’agit de peurs reliées à des appréhensions.  Ce sont des peurs qui sont reliées à des événements imaginaires, dans le sens où ils ne sont pas physiquement menaçants dans le moment présent.  La personne a peur de ce qui risque de se produire dans le futur.  La nature de ces appréhensions peut être reliée aux croyances de la personne.  Ainsi, une personne qui croit que l’échec est inacceptable aura peur de l’échec.

La peur peut avoir des effets différents sur les gens.  Les artistes connaissent bien le trac qui précède leur entrée en scène.  Même s’ils tentent de le rendre moins pénible, ils en acceptent la présence et lui reconnaissent même un effet stimulant.  D’autres personnes, au contraire, éprouvent une peur si intense qu’elles se sentent paralysées.  Pour elles, la peur est une ennemie.

Il existe une multitude de peurs, en plus des peurs reliées à un danger physique.  La peur des araignées, la peur de l’eau, la peur des hauteurs, la peur du sang, et toutes les autres peurs ou phobies qui existent, ce qui inclut aussi toutes les peurs d’origine plutôt psychologique, telle que la peur de blesser les autres, la peur de souffrir dans une relation amoureuse, la peur de perdre un être cher, la peur d’attraper une maladie, la peur de mourir, etc.

Les gens qui effectuent des changements dans leur vie risquent de devoir affronter certaines peurs particulières telles que la peur de l’inconnu, la peur de l’échec et la peur de la réussite.

Depuis la nuit des temps, les êtres humains tentent de maîtriser leur environnement.  La plupart se sentent inconfortables lorsqu’ils doivent faire face à l’inconnu.  Chez certaines personnes, la peur de l’inconnu est tellement intense qu’elle les amène à préférer le statu quo et à s’opposer à tout changement.  Chez d’autres, cette peur les amène à tenter de contrôler de façon excessive leur environnement.  En fait, la peur de l’inconnu masque souvent la crainte de ne pas être capable de faire face à la situation.  Les gens qui manquent de confiance en eux ressentent souvent une grande peur de l’inconnu.  Lorsqu’ils acquièrent plus de confiance en eux, leur peur de l’inconnu diminue.

Beaucoup de personnes éprouvent la peur de l’échec.  Pour elles, l’échec est associé à la dévalorisation, l’humiliation ou au rejet.  Les situations d’échec sont vécues très difficilement et les individus tentent de l’éviter à tout prix.  Il est possible d’atténuer cette peur en développant une autre perception de l’échec.  Ainsi, une personne qui conçoit l’échec comme une situation d’apprentissage enrichissante a moins peur.  Elle peut profiter de la situation pour développer une meilleure connaissance d’elle-même et acquérir de l’expérience.

Il peut paraître surprenant que certaines personnes éprouvent la peur de la réussite.  Pour elles, la réussite est associée à des éléments désagréables.  Ainsi, elles peuvent craindre la réaction de leur entourage dont elles se distingueront de façon marquée.  Elles peuvent redouter d’être rejetées ou de devenir l’objet de jalousie ou de mesquinerie.  Chez plusieurs, la réussite est associée à la perte de l’amour.

Chacune de ses peurs, et encore plus leur combinaison, peut avoir un effet paralysant sur une personne qui tente d’effectuer des changements dans sa vie.  La procrastination (reporter l’action, remettre à plus tard) en est l’exemple le plus frappant : la personne est incapable d’accomplir ce qu’elle devrait pour atteindre son objectif à cause de peurs sous-jacentes.  L’action est le seul remède de la peur : il est en effet important que la personne passe à l’action malgré sa peur.  La peur ne disparaît pas toute seule.  C’est l’expérience de la réussite qui la fait disparaître.  Ainsi, une personne cessera d’avoir peur de l’eau après avoir nagé, pas avant.

Il faut cependant bien choisir vos actions.  En effet, beaucoup de gens agissent afin d’éviter ce qui leur fait peur.  Et leurs actions les mènent tout droit à l’objet de leur peur.  C’est ce que certains auteurs appellent le syndrome de l’échec.  En voici une illustration.  Vous allez à une soirée et ne connaissez personne.  Vous n’approchez personne, de peur de paraître ridicule et d’être rejeté.  Cependant, comme vous adoptez une attitude réservée, personne ne vient vers vous.  À la fin de la soirée, vous n’avez parlé à personne.  Il est fort probable qu’en plus d’avoir passé une soirée ennuyante, vous vous sentiez mis de côté et rejeté.  Le comportement adopté (ne pas parler aux gens) vous a mené tout droit à l’objet de votre peur (vous sentir rejeté).  S’il est important d’agir lorsque vous avez peur, il ne faut pas nécessairement faire ce que vous dicte votre peur.

Il est cependant possible de transformer vos peurs en alliées.  Une peur peut être une sage conseillère qui vous incite à prendre des précautions supplémentaires, augmentant ainsi vos chances de réussite.  Lorsque vous constatez que votre peur vous empêche d’avancer ou que vous êtes coincé dans un syndrome d’échec, il est plus que temps que vous vous en occupiez.

Pour transformer une peur en alliée, il faut d’abord la reconnaître et l’accepter.  Accepter une peur (ou tout autre élément ou situation) signifie reconnaître sans jugement l’existence de cette peur.  Cela ne signifie pas que vous êtes content d’avoir cette peur, mais cela implique que vous cessiez de vous juger ridicule ou idiot d’avoir peur.  En acceptant votre peur, vous pourrez l’explorer et la travailler (plutôt que de vous y soumettre).  Les questions suivantes peuvent vous aider :

  • De quoi avez-vous vraiment peur ?
  • Cette peur est-elle réaliste ?  Y a-t-il des éléments objectifs qui démontrent que vous avez raison d’avoir peur ?
  • Quelle est la probabilité que l’événement que vous craignez se produise réellement ?
  • Que pouvez-vous faire concrètement pour éviter que ce que vous craignez se produise ?  Quelles précautions pouvez-vous prendre ?
  • Comment agiriez-vous si vous n’aviez pas cette peur ?

Les réponses à ces questions peuvent vous permettre de prendre des précautions supplémentaires pour améliorer vos stratégies et diminuer les risques d’échec.  Elles vous permettent surtout de transformer votre peur en source d’informations utiles plutôt qu’en agent paralysant.  Ainsi, en travaillant votre peur, vous pouvez identifier les précautions à prendre pour éviter que ce qui vous effraie se produise.  Votre peur devient ainsi une conseillère qui vous prodigue de sages conseils.  Cependant, en obéissant à ce que votre peur vous suggère de faire (vous sauver, vous isoler, etc.), vous risquez d’enclencher le syndrome de l’échec.   Donc veiller à faire de vos peurs de sages conseillères et non des maîtresses tyranniques.

Après avoir pris les précautions nécessaires, il importe de vous concentrer sur votre objectif.  En équitation, après avoir bien évalué l’obstacle et guidé le cheval, vous devez regarder au-delà de l’obstacle.  En voiture, vous regardez la direction où vous souhaitez aller et non tous les obstacles sur le parcours (et encore moins le rétroviseur de façon constante !).  Concentrez-vous sur votre but.  Il s’agit de vous occuper d’atteindre votre objectif plutôt que de vous préoccuper de ce qui pourrait vous en empêcher.  Passez à l’action.  Attendre ne fait qu’augmenter la peur.  La personne qui a peur de l’eau sera plus anxieuse si elle tourne plusieurs fois autour de la piscine.  Sa peur sera moindre lorsqu’elle sortira de la piscine.

Il existe une multitude de peurs qui peuvent freiner un individu.  Faire face à ses peurs demande du courage et une certaine dose d’audace.  Mais quelle fierté par la suite lorsque vous atteignez vos objectifs !  Ne dit-on pas qu’il n’y a pas de gloire à vaincre sans péril ?  Bien entendu, je ne souhaite pas que vous vous transformiez en kamikaze qui prend des risques inutiles et non calculés.  Cependant, pour avancer dans la vie, il vous faut accepter de sortir de votre zone de confort avec toutes les appréhensions que cela vous fera vivre.  Une vision claire du but à atteindre et une démarche stratégique apaise les peurs et donne le soutien nécessaire à celui qui se lance dans la grande aventure de créer sa vie.

Il existe une autre façon de concevoir les peurs.  Jacques Salomé, un psychosociologue qui a écrit de nombreux livres intéressants de croissance personnelle, a dit que sous chaque peur se cache un désir.  Il s’agit donc de découvrir quel est le désir qui se cache sous la peur.  Par exemple, quelqu’un pourrait mentionner qu’il a peur de mourir.  En fait, ce que cette personne dit, c’est qu’elle a peur de mourir trop tôt, avant d’avoir pu vraiment profiter de la vie.  Donc, si on cherche ce qui se cache sous cette peur, on peut voir qu’au fond, la personne a un grand désir de vivre vraiment, de savourer chaque moment de son existence, de réaliser son potentiel et d’accomplir tout ce qu’elle trouve important.

Je trouve que c’est une très belle façon d’apprivoiser ses peurs et de leur permettre d’enrichir notre vie.

Petit défi pour vous : prenez le temps d’identifier vos peurs et de les noter par écrit.  Décortiquez ensuite ce qu’elles essaient de vous dire :
         Quelles précautions vos peurs vous suggèrent-t-elles de prendre pour atteindre
         votre objectif ?
         Quel désir se cache sous vos peurs ?

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